Contemporary French Civilization

Abstract

In this essay I analyze recent French discourses about contemporary conceptions of “happiness,” in particular several recent books that critique the apparent ascension of happiness as a primary social value in contemporary France, replacing, according to their authors, older principles such as piety, honor, glory, or sacrifice. These writers explore the effects on the human psyche of the post-1968 dismantling of sexual, gender, class, geographical, and other boundaries, and they do not like what they see. They lament the ever-widening spaces in which human desire is allowed, indeed – they argue – compelled to roam in contemporary French society and warn of the dangers to which the increasing loss of limits, interdictions, and impossibilities exposes us all. Henri Lefebvre, spiritual father of May ’68, argued that we are more likely to achieve happiness and fulfillment, at least sporadically, when we are experiencing “everyday life” (despite the increasing degree to which it was being organized and programmed by external forces), than when we are engaged in the “specialized activities” we have traditionally taken more seriously, such as work, study, worship, or politics. I argue that it is in part with this valorization of an “everyday” and thus “banal” happiness over more noble and rarefied states, such as joy, ecstasy, or rapture, and with its dubious transatlantic origins, that the authors of many of these critiques take issue.

Cet article analyse un discours qui s’est récemment développé en France au sujet de la conception contemporaine du “bonheur” et se penche en particulier sur un certain nombre d’essais critiquant l’avènement apparent de l’idée de bonheur au statut de valeur dominante venant s’imposer au détriment des valeurs traditionnelles telles que la piété, l’honneur, la gloire ou le sacrifice. Les auteurs de ces essais explorent, et condamnent, les effets du démantèlement des limites sexuelles, socio-économiques, géographiques et autres sur le psychisme humain à la suite de Mai 68. Ils dénoncent la carte blanche offerte au désir humain dans la société française contemporaine et sonnent l’alarme des dangers auxquels la perte de ces limites, interdictions et impossibilités nous expose. Henri Lefebvre, père spirituel de Mai 68, soutenait que nous avions plus de chance de trouver le bonheur (bien que d’une façon toujours éphémère) dans la “vie quotidienne,” en dépit du fait qu’elle devenait de plus en plus organisée et programmée par des forces extérieures, que dans les “activités spécialisées” telles que le travail, l’étude, la religion ou la politique. Je soutiens dans cet essai que c’est en partie la valorisation d’un bonheur “quotidien” et donc “banal” aux dépens d’états plus nobles comme la joie, l’extase, ou le ravissement, aussi bien que ses origines transatlantiques suspectes, que les auteurs de ces critiques dénoncent.